Raphaële CHAMP
En France, on aime bien les tests, les évaluations, les quizz, les QCM. Dans le système scolaire et après, les enseignants les utilisent pour, et uniquement pour, qualifier le niveau des élèves. Toutefois, côté outre-Atlantique, on s’intéresse aux tests comme levier d’apprentissage.
Plusieurs études, menées à Berkeley ou Purdue, démontrent que les tests participent grandement à la rétention de l’information et améliorent le niveau des élèves tout au long de leur apprentissage.
Dans quelle proportion le test apporte-t-il à l’apprentissage ?
Comment changer la fonction du test pour en faire un mécanisme d’apprentissage efficace ?
Pour mémoriser, commencez à évaluer
Commençons par éliminer un a priori : les tests ne s’utilisent pas qu’à la fin d’un module ou d’une formation. Ils inscrivent le sujet d’apprentissage plus efficacement dans l’esprit des apprenants et offrent une forme de motivation inouïe.
Les tests ancrent l’information
Les tests forment une autre manière de jongler avec ses connaissances : ils encouragent le lien de cause à effet, demandent une gymnastique mentale pour relier la question aux connaissances, imposent les exercices de déduction, révèlent la compréhension profonde du sujet et mettent à l’épreuve la perception des connaissances : un apprenant peut penser tout connaître d’un sujet, mais tant qu’il n’est pas questionné clairement dessus, il ne peut pas en être sûr. Une simple révision, via des fiches ou des diagrammes, ne confronte pas les
présuppositions aux réalités. D’où l’étonnement en cas d’échec que nous avons tous connu en tant qu’élève.
Sans test, les apprenants surestiment ou sous-estiment leur niveau de connaissances, ce qui explique qu’ils avancent parfois dans le brouillard et n’obtiennent pas les résultats escomptés. Seuls des tests réguliers avec affichage des bonnes réponses donnent un éclairage suffisant.
Prenons un cas concret, celui de Jeffrey KARPICKE, professeur à l’Université Purdue. En 2011, le professeur publie le résultat d’une étude qu’il a mené sur 80 étudiants.
Après avoir lu un extrait d’un article scientifique, les étudiants, séparés en 4 groupes, ont réalisé :
• Soit, rien (ils ont seulement lu l’article une fois) ;
• Soit, quatre lectures de l’article ;
• Soit, un concept mapping (une carte sur laquelle l’étudiant trace les concepts et les liens internes) ;
• Soit, un double test à réaliser une fois après la première lecture et une fois après la seconde.
Bien qu’ils fussent nombreux à penser ne pas briller, les étudiants ayant réalisé les tests ont le mieux réussi l’épreuve. Le taux de réussite grimpait à 81% après la première lecture et restait à 67% après une semaine.
Au coude à coude avec le concept du mapping, les tests ont été comparés avec la carte vis-à-vis des capacités de mémorisation. Dans 52% des cas, les tests permettent de mieux retenir que le mapping, et donc par extension, sont plus efficaces que toutes les autres solutions étudiées.
Autre exemple, cette fois-ci à l’Université de Washington. En 2008, on compare à nouveau les multiples lectures (le cher “par cœur” que l’on connait tous) aux tests. L’apprentissage par répétition ne permet qu’à 30% des élèves de retenir les éléments. Le test affiche un taux de 80% de mémorisation. 50 points séparent les deux techniques, preuve que l’une d’entre elles est peut-être obsolète (en plus d’être traumatisante).
Les tests motivent et régulent
Tous les enseignants favorables à la réalisation des tests l’affirment : chers formateurs, faites passer votre test final au début de votre formation. Si cela peut sembler contre-intuitif, proposer le même test en début et en fin de formation montre aux apprenants leurs connaissances et leurs lacunes ; bref, le chemin qu’ils vont parcourir pendant la formation.
Les stagiaires sont plus motivés à réussir, visualisent leur courbe d’apprentissage et se concentrent sur les notions les plus éloignées de leur vivier de connaissances.
Puisque les tests confrontent le niveau estimé au niveau réel, ils encouragent une
autorégulation plus forte, une concentration plus élevée et un suivi plus rigoureux.
Les tests ne sont pas réalisés dans le cadre d’évaluation, ils n’amènent aucune notation ou appréciation.
The testing effect
Le test comme outil d’apprentissage n’est pas né la dernière décennie, le philosophe Francis Bacon en parlait déjà en 1620.
Le “testing effect” ou “l’effet test” consiste à travailler la mémoire différemment : elle ne fait plus qu’emmagasiner, mais elle ressort également, à travers des tests.
Pour mieux comprendre le “testing effect”, pensez aux flashcards utilisées en formation ou aux jeux de Memory.
Le “testing effet” consolide plusieurs constatations empiriques.
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