Assister à une formation peut être vécu comme un véritable moment de plaisir et de convivialité, mais également comme une source profonde d’ennui. Si le but premier de la formation ne vise pas le divertissement, nul doute qu’elle a pour vocation de susciter l’intérêt et l’engagement des participants. Pour ce faire, différentes stratégies pédagogiques peuvent être employées. De plus en plus, nous assistons à l’introduction du jeu dans les sessions de formation, qui utilisé à bon escient, peut se révéler source de satisfaction des apprenants, mais également profitable quant à l’acquisition de nouvelles connaissances ou compétences.
Qu’est-ce que la ludopédagogie ?
La ludopédagogie consiste à utiliser le jeu afin de transmettre un savoir ou dans le but de faciliter un processus d’apprentissage de manière divertissante. Le support utilisé peut être matériel ou immatériel. Cette pratique se répand dans les sessions de formation et peut revêtir des formes multiples. Par ailleurs, le jeu peut aussi bien être utilisé à des fins de transmission que d’évaluation.
Identifier les objectifs de la formation
Avant d’envisager le recours au jeu, il est nécessaire de s’interroger sur les objectifs de la formation. Ces derniers doivent être observables, mais également réalisables et mesurables. Il est possible de s’appuyer sur la taxonomie de Bloom afin de les établir clairement. Ce psychologue américain spécialisé en pédagogie a en effet décomposé les différents niveaux d’acquisition de compétences permettant de formuler précisément les objectifs d’une formation.
Le jeu au service des objectifs et non l’inverse
Il est en effet indispensable d’avoir une idée précise de la finalité de la formation. L’utilisation du jeu ne doit pas être vue comme une nécessité, mais bien comme un moyen permettant d’accroitre l’efficacité d’un module. Si son usage n’apporte aucune plus-value et s’avère peu cohérent ou incompatible, son utilisation doit être systématiquement écartée. Pour vous positionner plus facilement, vous pouvez vous appuyer sur votre déroulé pédagogique en essayant d’identifier les thèmes ou modules pouvant être traités par le jeu de manière pertinente.
Le jeu pour transmettre ou pour évaluer ?
Vous pouvez utiliser le jeu pour servir différents objectifs. Il peut être un moyen de dispenser des connaissances ou des compétences à vos apprenants ou un moyen d’apprentissage, de réflexion ou d’autoévaluation. Il est donc un support ou une méthode pédagogique/d’apprentissage selon la manière dont vous allez concevoir son usage.
Par exemple, vous pouvez recourir au brainstorming afin de réfléchir de manière collective à certaines pratiques. De cette façon, vous utilisez le jeu à des fins de transmission/réflexion. Vous pouvez également utiliser le jeu à des fins d’évaluation en vous servant de QCM pour apprécier le niveau d’acquisition de certaines notions importantes. Par exemple, Kahoot est une application vous permettant de générer facilement des QCM ou quiz interactifs intégrant un système d’attribution de points et de classement.
Vous pouvez également utiliser les réveils pédagogiques afin de stimuler les apprenants après un module théorique intense, en début de matinée ou encore au retour d’un repas. Ceux-ci peuvent s’appuyer sur l’utilisation de post-its sur lesquels chaque apprenant pourra, par exemple, rédiger une question pour laquelle il connaît la réponse et une autre pour laquelle il souhaiterait l’obtenir. Une autre déclinaison consiste à utiliser une balle de petite taille que chacun des participants s’échange en se questionnant mutuellement sur les connaissances transmises jusqu’à présent.
Établir des règles claires
De manière générale, pour que le jeu soit efficace et afin que vos apprenants soient engagés, vous devez établir clairement les règles. Des indications confuses entraîneront lassitude et une perte de temps pour les différentes parties. De même, il est important d’expliquer en quoi le jeu sert la formation et quels sont les objectifs que vous poursuivez. Pour ne pas perdre de temps inutilement sur la constitution d’éventuelles équipes, établissez vous-même les futurs groupes en favorisant l’équité.
Encourager l’erreur
L’un des intérêts manifestes du jeu est qu’il s’inspire de situations réelles sans conséquence en cas d’erreurs. Sur ce point, les neurosciences ont très largement démontré le caractère bénéfique de celle-ci dans le processus d’apprentissage. Ce sont les écarts avec les attendus qui participent à la connaissance et aux progrès individuels de chacun par les ajustements occasionnés.
De ce fait, votre posture et votre discours devront favoriser l’erreur en instaurant une atmosphère détendue et bienveillante. Cependant, l’utilisation du jeu n’est pas synonyme de défoulement ou initiatives malvenues. L’établissement de règles claires et la présentation de l’intérêt de l’exercice doivent éviter tout débordement. N’hésitez pas à poser le cadre et à vous montrer disponible pour vous assurer que le jeu s’établisse dans de bonnes conditions.
Donner du feedback et s’appuyer sur les résultats
En effet, pour que vos apprenants tirent pleinement avantage de l’usage du jeu, n’hésitez pas à être présent pour eux tout au long de la mise en application. Vous devrez vous rendre disponible en cas d’interrogations et vous pouvez également vous mettre dans la posture d’observateur en passant régulièrement voir chaque équipe, le cas échéant, pour vous assurer que le jeu se déroule de la façon convenue. Aussi, au terme de celui-ci, il est important de débattre sur ce que le jeu a pu mettre en évidence et éventuellement sur les axes de progrès collectifs ou individuels de chacun
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